Dans une approche agroécologique et durable de la viticulture, le compost viticoles s’impose comme un amendement organique essentiel. Il permet d’enrichir les sols, de stimuler leur vie biologique et d’améliorer leur structure. Bien conduit, le compostage viticole transforme fumier et déchets verts en une ressource précieuse pour la vigne.
Pourquoi intégrer du compost dans les pratiques viticoles ?
Le compost est une source concentrée de matière organique, indispensable à l’équilibre biologique des sols. Il :
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Stimule l’activité microbienne
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Apporte des éléments fertilisants naturels (azote, phosphore, potassium…)
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Améliore la rétention d’eau
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Favorise l’aération et la structuration du sol
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Stabilise la matière organique
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Assainit le fumier par la montée en température
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Réduit le volume initial des matières (évaporation, dégradation)
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Limite les pertes par lessivage et homogénéise le produit pour l’épandage
Les grandes étapes du processus de compostage
Le compostage suit un cycle biologique précis, découpé en quatre phases successives :
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Montée en température : la fermentation active élève rapidement la température du tas (jusqu’à 60–70°C).
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Phase thermophile : les températures élevées éliminent pathogènes et graines d’adventices.
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Maturation : la température diminue, les micro-organismes poursuivent leur travail de dégradation.
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Stabilisation : la matière devient homogène, inodore, riche en humus – le compost est prêt à être épandu.
Choisir un bon emplacement pour son compost
L’emplacement influence la qualité et la régularité du compostage. On privilégiera :
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Une zone protégée du vent et du soleil, ou à défaut, la couverture du tas (paille, terre ou bâche respirante)
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Un sol plat ou légèrement bombé (jamais en cuvette) pour éviter les stagnations d’eau
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Un emplacement hors de portée des racines si proche d’un bois
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Un sol nu, sans couvert végétal, pour éviter toute concurrence biologique
En fonction des volumes, le compostage peut être soumis à déclaration ou autorisation réglementaire.
Matières premières : trouver le bon équilibre
Le fumier pailleux (bovin, équin…) constitue une base équilibrée en carbone et azote. On peut y intégrer des déchets verts (tontes, résidus de taille…) en proportions variables, selon les objectifs :
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Les déchets verts ont un fort pouvoir amendant, mais ralentissent la dégradation.
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On évitera les résineux (inhibiteurs de fermentation) et les plantes riches en sucres (montée en température trop rapide).
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La proportion de matières ligneuses doit être contrôlée pour éviter les faims d’azote.
Mise en tas et gestion du compost
Le compost est disposé sous forme d’andains triangulaires, allongés et faciles à manipuler.
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Largeur : 1,5 à 3 mètres
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Hauteur : 1,3 à 2 mètres
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Éviter les tas trop gros pour limiter le tassement et les zones anaérobies
Protection du tas
Recouvrir le compost avec :
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15 cm de paille
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ou 5 cm de terre
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ou une bâche respirante, seulement sur la partie haute (pour laisser circuler l’air)
Suivi et retournement
Le retournement est essentiel pour relancer l’activité microbienne et ajuster la température :
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À faire au moins une fois, voire plus selon les relevés thermiques
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À 60°C : aérer pour éviter la surchauffe
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En dessous de 30°C : relancer la fermentation
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Si le compost est trop sec (moisissures blanches), un arrosage ponctuel est nécessaire
Outils disponibles :
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Tracteur avec fourche (10 T/h)
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Épandeur avec rechargement (15–20 T/h)
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Retourneur d’andin (jusqu’à 400 T/h)
Durée de compostage : adapter selon les besoins
La durée de compostage varie selon le type de sol, les pratiques culturales et l’objectif recherché. Elle peut aller de 1 à 10 mois.
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Compost jeune (1 à 3 mois) :
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Riche en azote
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Stimule fortement l’activité biologique
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Se comporte comme un engrais organique
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Compost mûr (7 à 9 mois) :
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Riche en humus stable
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Action progressive et durable
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Idéal pour améliorer la structure des sols appauvris
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En conclusion
Utiliser un compost bien préparé, c’est redonner vie au sol, renforcer la résilience de la vigne, et s’inscrire dans une viticulture régénérative. Qu’il soit jeune ou mûr, le compost viticole permet de construire une fertilité naturelle, durable et adaptée aux défis climatiques d’aujourd’hui.