Pourquoi restructurer une parcelle de vigne ? Quelles précautions prendre avant de replanter ? Un point complet sur les pratiques à connaître.
Restructurer une parcelle de vigne : une opération rare mais essentielle
Si le vigneron est parfois amené à restructurer une parcelle, il ne devrait avoir à le faire qu’une fois au cours de sa vie car un pied de vigne peut vivre plus de 100 ans.
Tout cela dépend de son modèle de production et de l’héritage dont il dispose.
Les raisons d’une restructuration
- Matériel végétal inadapté à la production souhaitée : clone, cépage ou porte-greffe.
- Parcellaire mal exploité : densité, orientation, difficulté d’utilisation des outils, pente dangereuse.
- Faibles rendements ou mortalité : virus, pourridié, esca, excès d’eau, dégâts liés à des intempéries…
Arrachage : préparation, méthode et précautions
Il est préférable d’éliminer tout le palissage en amont (fils, poteaux, amarres, etc.).
Certains taillent à mort les pieds en ne laissant que le tronc et évacuent toutes les parties aériennes, ce n’est pas indispensable.
Objectif : éliminer l’ensemble des troncs et le plus de racines possible.
Les mécanismes utilisés sont souvent lourds et peuvent traumatiser le sol (compactions, retournements des horizons).
Ils doivent être mis en œuvre sur sol bien réessuyé : ni trop sec, ni trop humide.
Les outils : pelleteuse munie d’un peigne ou arracheuse tractée avec soc (sans émietter).
La profondeur de travail dépend du sol, de la roche mère et de la profondeur de terre meuble.
Il faut une intervention humaine pour évacuer les déchets végétaux, à brûler de préférence pour détruire les pathogènes.
Certains préconisent un labour plus ou moins profond : attention au retournement des horizons. Cette opération dépendra de la nature du sol et de la profondeur d’enracinement.
Après l’arrachage : analyser et réaménager la parcelle
Études de sol et analyses
C’est le moment idéal pour creuser des fosses et observer les horizons, les éventuelles compactions, prélever des échantillons…
- Analyses physiques : texture, réserve en eau utile.
- Analyses chimiques : taux de MO, pH, N, P, K, Ca, Mg, cations.
- Analyses biologiques : biomasse, diversité, présence de nématodes porteurs de virus.
Travaux lourds et apports organiques
À évaluer au cas par cas, selon la configuration du sol :
- Décompactage si présence d’alios ou roches compactes.
- Mise en place de drainage si stagnation d’eau.
- Réformation des croupes, terrasses, tournières.
- Apport de fumure de fond (MO, corrections, rééquilibrage), puis enfouissement léger.
L’objectif : stabiliser le sol et favoriser sa reconstruction après les traumatismes physiques.
Stabilisation du sol par les couverts végétaux
Les couverts végétaux sont essentiels pour :
- Prévenir l’érosion.
- Stabiliser la structure du sol.
- Apporter de l’oxygène et favoriser la vie microbienne.
Leur effet varie selon le type de semis :
racines profondes, légumineuses (azote), crucifères (acidification, structuration), effet nématicide, volume de matière organique…
On peut enchaîner deux à trois couverts dans l’année, avec ou sans griffage entre les semis.
Temps de repos du sol : jachère, dévitalisation et réalités économiques
Le sol abrite des nématodes qui peuvent être porteurs de virus. Une racine vivante peut nourrir ces micro-organismes pendant plusieurs années.
Il est donc recommandé de prévoir une jachère avant replantation.
Si ce laps de temps n’est pas possible, la dévitalisation des pieds est à envisager.
L’arrachage, la préparation puis la replantation d’une parcelle sont des opérations lourdes et coûteuses.
L’idéal : prévoir 7 ans de jachère, mais en ajoutant les 3 ans nécessaires avant la première récolte, cela représente 10 ans sans production, ce qui est rarement économiquement réaliste.
Un compromis acceptable : prévoir 1,5 an de repos entre arrachage et replantation, voire plus pour les parcelles infectées par les virus ou nécessitant des aménagements lourds.